FRAUDE A LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
Doute persistant sur la responsabilité du seul trader


Date 27/1/2008 6:32:36
Doute et scepticisme gagnent de plus en plus responsables et commentateurs quant à la version donnée par Daniel Bouton, le P-dg de la Société Générale qui a du mal, depuis 72 heures, à faire croire que la fraude de près de 5 milliards d’euros, dont son entreprise a fait l’objet, est le fait du seul trader.

Les interrogations sont alimentées par plusieurs faits. D’abord l’ampleur de la malversation jamais égalée nulle part et qui touche cette banque française qui passe pour l’un des piliers du système banquier français, dotée d’un contrôle interne des plus performants, ensuite le silence observé durant plusieurs jours avant que le P-dg ne dévoile publiquement l’affaire et enfin justement la coïncidence, pour le moins curieuse, de la levée du secret, disent certains, avec les dépréciations d’actifs liées aux subprimes – près de 2 milliards d’euros annoncées par la Société Générale, mais qui seraient beaucoup plus importantes. Pour ceux, de moins en moins nombreux, qui croient à la manipulation du trader, ils expliquent que la fraude sans pareille a été rendue possible et son auteur — Jeröme Kerviel — a pu la mettre en œuvre, tout simplement parce qu’il a exploité une faille de la procédure de contrôle interne qu’il maîtrisait parfaitement dans la mesure où c’est lui-même qui en était en charge.

Le courtier aurait donc profité de sa connaissance approfondie des procédures de contrôle. Il aurait pris de très gros risques par rapport aux pratiques de Société Générale et aurait donc «misé tout au long de l’année 2007 beaucoup plus gros que d’ordinaire » et dissimulé ses opérations en perte à son employeur.

Et comme a eu à l’expliquer le P-dg, il aurait profité de son expérience antérieure au sein du back-office du groupe (gestion et comptabilisation des opérations) pour dissimuler ses positions grâce à un montage élaboré de transactions fictives. Le courtier, a dit encore le Pdg «avait l’extraordinaire talent de déplacer ces transactions au fur et à mesure des contrôles dont il connaissait le calendrier».

Mais ce scénario officiel a du mal à passer.

Comment une perte aussi importante peut-elle avoir été dissimulée pendant aussi longtemps ?

Comment un seul homme a pu déjouer des procédures de contrôle ?

Comment un jeune trader d’une trentaine d’années a-t-il pu prendre de tels engagements dans un établissement bancaire qui ne manque pas de niveaux hiérarchiques nombreux de contrôle ?

Le marché étant au courant lorsque des positions sont ouvertes, pourquoi rien n’a été signalé et par personne ?

La banque n’a-t-elle pas trouvé un lampiste pour masquer une partie de ses pertes sur les crédits à risques américains ?

Toutes ces questions et bien d’autres restent pour l’instant sans réponses, en attendant les résultats des enquêtes engagées. Sous huit jours, a demandé le premier ministre à Christine Lagarde, toutes les indications devront lui être remises sur cette fraude massive.

La Banque de France de son côté a ouvert une enquête. Le parquet de Paris a lui aussi été saisi pour diligenter une enquête. Enfin, députés de l’UMP et ceux de l’opposition demandent au P-dg de Société Générale et aux responsables de la Banque de France de venir s’expliquer sur ce casse financier du siècle.

Khadîdja BABA-AHMED, bureau du Soir à Paris.
Cet article provient de Actualités Algérie - dzira
L'adresse de cet article est :

Aucun commentaire: