La banque tente d'expliquer la catastrophe

La SocGen a mis en place cette semaine de nouvelles procédures de contrôle.
La tornade médiatique déclenchée par l'affaire Kerviel laisse de nombreuses questions sans réponse. Difficile de comprendre comment un homme seul a pu prendre 50 milliards d'euros de positions sans qu'aucune alerte ne se déclenche sur les écrans radars de la banque.
Face à l'incrédulité, la
Société générale a répondu hier après-midi aux questions des journalistes. «Rien ne permet à ce stade de penser que le trader ait pu bénéficier de complicités internes ou externes», a estimé le patron de la banque de financement et d'investissement. En précisant tout de même : «Je ne peux pas vous assurer à 100 % qu'il n'a pas eu de complicité, mais à ce stade il faut laisser l'audit, le contrôle et l'enquête de police progresser.»
Parant au plus pressé, la banque a d'abord cherché à identifier les positions prises et à monter une opération de sauvetage (débouclage des positions et augmentation de capital). Elle dit tout ignorer des motivations du trader, précisant que celui-ci n'était pas payé à la commission. L'enquête devra aussi éclaircir son profil psychologique. Est-ce celui d'un hacker ? «La comparaison ne me paraît pas correcte, mais nous avons vu qu'il a usurpé les codes d'accès d'opérateurs du middle office», indiquait hier le dirigeant.
Les positions prises par le trader, qui travaillait pour compte propre, portaient sur 50 milliards d'euros. Et remontaient à un an.
La fraude remontait à fin 2006«Les techniques frauduleuses mises en œuvre par le trader duraient depuis fin 2006, début 2007, en commençant par de petites transactions, a expliqué la banque. Les 50 milliards n'étaient pas une position, mais plusieurs sur des indices différents.» Selon la Société générale, 30 milliards portaient sur l'Eurostoxx, 18 sur le Dax et 2 sur le Foostie.
Des chiffres astronomiques sans rapport avec les limites de risque très faibles de Jérôme Kerviel, «de l'ordre de quelques centaines de milliers d'euros». L'activité d'arbitrage consiste à acheter un portefeuille pour en vendre un autre proche, en gagnant de l'argent sur l'écart de valeur. «Ces écarts de valeur étant faibles, de telles opérations d'arbitrage supposent que les opérations puissent porter sur des nominaux très importants», explique la banque. Mais le système de contrôle des risques internes ne tenait pas compte de ces montants. «La première leçon est de mettre en place un système de contrôle qui porte sur la taille nominale de toutes les opérations d'arbitrage», a reconnu la banque.
Grâce à sa très bonne connaissance des procédures de contrôle interne acquises lors de ses fonctions précédentes, Jérôme Kerviel était en quelque sorte dans la position d'un cambrioleur détenant les codes de sécurité. «Il connaissait très bien les procédures de contrôle. Ce trader prenait des positions réelles sur des “futures” sur lesquelles tout se passait normalement. Mais il prenait aussi des positions fictives de manière très intelligente.» Les audits réguliers n'ont en tout cas rien décelé de ces positions factices. Devant cet échec, la banque a mis en place cette semaine de nouvelles procédures de contrôle et annonce d'autres changements dans les semaines qui viennent.


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